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L’airship de 1897
Par Jean SIDER
Certaines personnes plus ou moins
intéressées par les phénomènes ovnis, notamment en France, ignorent
encore que ceux-ci ne sont pas nés en 1947, contrairement à une
croyance qui perdure encore. En fait, les observations d’étranges
manifestations célestes ont prévalu de tout temps. Si l’on se donne
la peine de feuilleter les vieilles collections de journaux et de
périodiques accessibles dans certaines bibliothèques, notamment à la
Bibliothèques Nationale, Annexe de Versailles, on peut en découvrir
avec de la patience et du temps. De même que dans celles des
Archives Départementales, il est possible, en remuant la poussière
de livres et de fonds anciens, de mettre au jour des faits très
curieux qui peuvent entrer dans cette discipline que l’on appelle
l’ufologie. Plusieurs ufologues ont d’ailleurs œuvré dans ce sens, à
l’exemple de Michel Bougard1, et ont passé au peigne fin la
littérature spécialisée constituée de revues et de livres tant
français qu’étrangers consacrés aux phénomènes aériens inconnus.
Malheureusement, certains ont fait confiance à des ouvrages douteux
comme ceux de Jacques Bergier, Robert Charroux, Henri Bordeleau,
Peter Kolosimo, et quelques autres, qui citent de prétendus
incidents bizarres sans préciser de sources. Ce qui laisse la porte
ouverte à tous les abus, à l’exemple de la rencontre rapprochée du
troisième type d’Alençon en 1790, un canular issu de la fertile
imagination de l’Italien Alberto Fenoglio, et que des auteurs peu
avertis citent encore dans leurs écrits.
Une illustration de l’airship de
1897
Introduction
Dans le cas de la vague d’airships de
1897, quelques auteurs américains se sont risqués à publier leurs
recherches, le plus souvent sous forme d’articles de plusieurs
pages, à l’instar de Jerome Clark2. Par contre, il n’existe qu’une
bien maigre poignée le livres entièrement dévolus à cette série
exceptionnelle d’incidents, et ils peuvent même se compter sur les
doigts d’une seule main. Parmi ceux-ci, je citerai celui de Daniel
Cohenn3, mais dont le contenu traduit une forme très marquée de
scepticisme pour ne pas dire de debunking (de to debunk,
déboulonner). Par contre, le travail le plus volumineux et le plus
sérieux est sans conteste celui de Thomas Eddie Bullard, qui a
publié à compte d’auteur un véritable travail de bénédictin. Il
s’agit d’une énorme compilation d’articles de journaux américains de
1897 qui traitent de l’airship, avec deux suppléments4. En ce qui me
concerne, j’ai publié en 1987 un ouvrage artisanal consacré à
l’airship, grâce surtout à la bonne volonté de Thierry Pinvidic5.
Puis, en 1995, Colette Vléryck a accepté d’éditer cette étude
quelque peu remaniée et améliorée, qui plus est nantie d’index
divers6. Cette édition particulièrement soignée est sortie en format
21x27, mais en une centaine d’exemplaires seulement, et se trouve
actuellement pratiquement épuisée.
A toutes fins utiles, voici les
coordonnées de Mme Vléryck : 11 Grand Rue, 29880,
Plouguerneau. Peut-être dispose-t-elle encore de deux ou trois
exemplaires de mon étude. J’ai élaboré mes recherches de base sur
une compilation d’articles d’époque de Robert Neeley7, et de copies
de documents originaux obtenus auprès d’organismes américains
divers, après une vaste prospection par courrier. Il s’agit surtout
de bibliothèques, de musées, d’historiens en aéronautique, etc. Je
n’ai eu accès à la compilation d’Eddie Bullard que lorsque mon étude
initiale était pratiquement venue à son terme, ce qui fait que je
n’ai pu exploiter à fond le formidable travail de ce chercheur.
Toutefois, j’estime que mon étude est suffisamment consistante pour
montrer qu’une authentique vague de phénomènes célestes non
identifiés s’est bien produite chez l’oncle Sam à la fin du siècle
dernier. Chaque cas décrit est cité avec sa référence précise :
le nom de l’organe de presse, la ville où il était établi, l’Etat
impliqué, la date de parution, et le numéro de la page qui reprend
le texte concerné. Seule la moitié Est des Etats-Unis a été
concernée par cette série extraordinaire d’étrangetés. A noter qu’en
décembre 1896, la Californie a enregistré une mini-vague d’airships,
seul état de la moitié Ouest à avoir enregistré ce type d’incidents.
Si je devais citer le nombre total d’observations signalées dans la
presse locale, je dirai qu’en gros celui-ci doit se situer entre
trois et quatre mille. Voyons tout d’abord dans quelles
circonstances sociales locales s’est située cette vague.
Le contexte
socio-historique
L’année 1897 aux Etats-Unis se situe en
plein milieu d’une révolution industrielle. La mécanisation prenait
de plus en plus le pas sur le travail manuel dans de nombreux
secteurs. La vapeur, le pétrole et surtout l’électricité avaient
permis la naissance de nombreuses industries dans différents
domaines, sans pour autant supplanter un artisanat encore très
florissant. En fait, à cette époque, tous les secteurs des activités
commerciales et industrielles étaient en pleine expansion, et cette
effervescence sociale facilitait l’immigration car la main d’œuvre
manquait dans beaucoup de corps de métiers.
Les phénomènes observés étant bien
souvent assimilés à des ballons dirigeables (d’où le terme airship
employé dans les comptes rendus publiés dans les journaux locaux),
je me suis employé à retracer l’histoire de l’aéronautique aux
Etats-Unis. Cela, afin de voir si ce type d’appareils avait pu
provoquer des confusions. Il se trouve en fait que le premier
dirigeable motorisé américain digne de ce nom a effectué son premier
vol réussi en 1904 seulement, soit sept ans après la vague8. Tout ce
qui a été entrepris avant cette date ne représente que des
tentatives ratées ou le plus souvent des projets mirobolants
d’inventeurs dont beaucoup ont permis à leurs auteurs de se livrer à
des tentatives d’escroquerie. Les seuls aérostats qui pouvaient
voler à ce moment-là étaient quelques ballons sphériques libres
livrés aux caprices des courants éoliens. D’autre part, les témoins
ayant observé de nombreuses sources lumineuses de diverses couleurs
sur les masses observées, on peut déjà éliminer toute possibilité
d’objets conventionnels. En effet, les feux de position n’ont été
utilisés qu’en 1911 sur les dirigeables dans le Connecticut9, et les
phares en 196010. En conséquence, les debunkers et autres
rationalistes qui ratiocinent dans les marécages de la
« sociopsychologie », ne font qu’exprimer leur
malhonnêteté intellectuelle lorsqu’ils attribuent cette vague à
d’authentiques dirigeables. Heureusement, les historiens sont là
pour prouver que ces tristes individus mentent comme des arracheurs
de dents.
En outre, en cette fin de dix-neuvième
siècle, l’esprit des populations locales n’était pas
« contaminé » comme de nos jours par les agressions
psychologiques d’un univers excessivement médiatisé. La radio, la
télévision et le cinéma n’existaient pas encore. Seuls, de multiples
journaux et périodiques divers véhiculaient les informations, si
l’on excepte le télégraphe et le téléphone qui commençaient
seulement à se développer, limités essentiellement aux grandes
villes. En conséquence, les influences extérieures, notamment des
médias, étaient quasi nulles sur les témoins, dont la plupart
découvraient l’existence du phénomène Airship pour la première fois
en l’observant dans les cieux. Là encore, l’argumentation des
debunkers se trouve contrecarrée, car ils ne peuvent absolument pas
s’appuyer sur un stimulus de la presse sur le cerveau des
observateurs. D’autant que si l’on peut à la rigueur avancer cette
éventualité pour les grandes villes où les journaux étaient très
lus, elle est totalement à écarter pour ce qui concerne les zones
rurales. En effet, l’analphabétisme y était encore très répandu, et
il où n’étaient publiés que des petits hebdomadaires imprimés sur
quatre pages seulement. Qui plus est, ils passaient sous silence les
observations d’airships, soit par manque de place, soit par absence
d’intérêt pour le sujet . De plus, les journalistes qui ont fait
allusion à ces phénomènes, choisirent bien souvent de s’en gausser,
mettant les témoignages sur l’abus de boissons fortes. Ce qui a dû
décourager certains de leurs lecteurs de rapporter leurs éventuelles
observations, à n’en pas douter. D’ailleurs, j’ai souvent eu accès à
des rapports faisant état de témoins qui ont demandé à rester
anonymes, par peur d’être tournés en ridicule par leur entourage.
Passons maintenant aux divers paramètres d’étrangeté contenus dans
les témoignages les plus sérieux que j’ai pu réunir pour
l’élaboration de mon étude.
1 - Les formes :
Celle qui a été signalée avec le plus de régularité est celle d’un
objet de forme oblongue, arrondie aux deux extrémités. La
comparaison la plus fréquente avec une forme bien connue est celle
du cigare, plus rarement du cylindre. Toutefois, d’autres formes ont
été observées, qui nécessitèrent l’utilisation des parallèles
suivants : comme un entonnoir, une lettre A, un œuf, un wagon
de voyageurs, une coque de bateau, un rectangle, un tube, un cône,
un croissant, et même....un disque ! Parfois, ces formes
d’apparence matérielle étaient remarquées se manifestant sous la
couverture nuageuse et progressant contre le vent. La nuit, elles
étaient parfois décrites nanties de fenêtres éclairées par une
lumière intérieure. En plein jour, des témoins ont dépeint des
ouvertures semblables à des vitrages, placées sur le côté visible de
l’objet. De temps à autre, des observateurs pouvaient distinguer des
appendices ressemblant à des ailes, quelquefois comparées à celles
des chauves-souris. Chose véritablement ahurissante, il y a aussi
des témoignages décrivant des ailes battantes ! Quelques
comptes rendus évoquent des voilures, mais je pense qu’il faut
comprendre ce terme comme se rapportant à des ailes de toile et non
des voiles. Au reste, personne n’a prétendu avoir vu d’airship
équipé de mâts équipés comme ceux des voiliers qui circulaient sur
mer à l’époque. A noter qu’il y a un cas d’airship duquel pend une
corde le long de laquelle descend un homme qui en coupe l’extrêmité
terminée par une ancre restée coincée dans un rail de chemin de fer.
C’est l’affaire de Merkel (Texas), mais il s’agit probablement d’un
canular de salle de rédaction, car il n’y avait pas d’ancre à bord
des ballons captifs de l’époque, mais au mieux un grappin, objet
beaucoup plus léger. Cette mystification a sans doute été inspirée
par une légende du Moyen-âge faisant état d’un
« bateau-volant » dont l’ancre s’était accrochée au toit
d’une église irlandaise. En effet, Richard Nolane indique dans l’un
de ses livres, que cette histoire rapportée dans une œuvre de
Gervais de Tilbury, avait été reprise dans plusieurs journaux
américains de 1897 avant celle de Merkel11. Des descriptions citent
aussi des hélices ou des roues tournant sur les côtés, orientées
vers la droite et la gauche de « l’appareil », ce qui
constitue une absurdité en matière d’aéronautique !
2 - Les sources
lumineuses : C’est surtout lors d’observations faites à
nuit tombée que ces précisions figuraient dans les rapports. En
1897, les rares ballons libres qui effectuaient de longs parcours
n’emportaient aucune source électrique. Non seulement cet équipement
était inutile, mais il aurait obligé l’aérostier à embarquer de
lourdes batteries, ce qui aurait constitué un handicap sérieux pour
atteindre une altitude élevée. Cette situation indique que les
phénomènes voulaient être vus même dans l’obscurité. De multiples
témoins de toutes les conditions sociales ont décrit des feux de
positions de différentes couleurs, des phares, ainsi que des
projecteurs dont certains dispensaient un faisceau de lumière de
plusieurs centaines de pieds de longueur qui balayait quelquefois le
sol ou l’espace devant l’« appareil ». Certains témoins
ont aussi été pris dans le faisceau puissant de ce projecteur au
point d’en être éblouis. Il est même arrivé que le phénomène ait été
équipé de feux qui changeaient de couleur à intervalles
réguliers : vert, puis rouge, ensuite jaune, et retour au rouge
etc.
3 - L’aspect
matériel : Beaucoup de témoignages faits en plein jour dans
un ciel sans nuages, insistent sur le fait que le soleil se
reflétait sur la « coque » de l’objet, si tant est qu’il
pût s’agir d’une construction de quelque sorte. Ceux qui ont fait ce
constat estimaient donc que l’airship avait une structure
essentiellement métallique, ce qui écarte de façon sûre une très
hypothétique confusion avec un éventuel ballon (dont l’enveloppe
était en soie ou en toile imperméabilisée). Ces reflets lumineux ont
même conduit des témoins à décrire l’airship comme possédant une
coque d’acier lisse !. A nuit tombée, c’était la luminosité de
la lune qui réfléchissait sur la « machine », portant les
témoins à croire que son revêtement était fait d’un métal
quelconque, l’acier, l’aluminium et le fer blanc étant cités le plus
souvent. Curieusement, c’est le 11 mars 1897, soit quelques jours
avant les principaux témoignages de la vague, que le premier
dirigeable en métal vola en Europe. Il s’agissait d’un appareil en
cornières et en feuilles d’aluminium, qui fut testé à Tempelhof,
Allemagne, par l’aéronaute autrichien David Schwartz. N’est-ce
qu’une coïncidence ? En effet, nous savons depuis longtemps que
l’intelligence qui crée les ovnis est experte dans l’art d’imiter
tout ce qui est humain, même si les « copies » sont
parfois grossières, nanties d’énormes défauts.
4 - Les
comportements : Des airships ont été vus en plein milieu
d’un orage, ou encore remontant de forts vents, ce qui écarte
systématiquement les ballons libres de l’époque. Certains
progressaient en accomplissant un parcours fait d’ondulations
verticales, ou encore de zigzags horizontaux. D’autres avançaient en
accomplissant des oscillations, ou des bonds successifs. En de plus
rares occasions l’airship a été suivi des yeux au moment où il
plongeait brusquement vers le sol pour remonter ensuite brusquement
et se replacer à son altitude initiale. Tout comme il avait la
capacité de changer de direction à volonté, comme s’il avait un
gouvernail, selon les propres termes employés par les témoins. Cette
disposition à pouvoir tourner l’a conduit de temps en temps à suivre
un trajet erratique, allant jusqu’à virer à angle droit et même à
faire demi-tour. Des bruits divers ont été émis par le phénomène,
presque toujours associés à ceux d’un moteur. Les termes suivants
apparaissent dans les rapports des témoins : ronflement,
crissement, bourdonnement, sifflement, grondement, etc. La plupart
du temps, les observateurs n’ont remarqué qu’un seul objet, mais
j’ai répertorié plusieurs cas de vols groupés de plusieurs
« engins », et même deux ou trois cas de
« vaisseau-mère » éjectant de plus petits corps. Des
airships ont suivi des trains sur un parcours plus ou moins long, et
survolé à très basse altitude des nhavires fluviaux ainsi que des
bâtiments divers. Je reviendrai par ailleurs sur les cas
d’atterrissages avec ou sans vue d’occupants.
5 - Réactions
animales : Les réactions des animaux domestiques confrontés
à ces phénomènes constituent indéniablement des preuves formelles
d’une interférence réelle dans leur environnement immédiat.
L’airship a provoqué la frayeur de chevaux d’attelages, certains
allant jusqu’à s’emballer au point de causer un grave accident.
D’autres ont été saisis d’une agitation anormale au moment où un
airship survolait leur écurie, donc sans l’avoir vu. Ce qui implique
de la part du phénomène des émissions d’ondes de quelque sorte qui
auraient perturbé les sens des bêtes concernées. Même constat pour
ce qui concerne les chiens, qui se sont manifestés essentiellement
par leurs frénétiques aboiements, ou au contraire par leur refus de
sortir de la maison de leur maître tellement ils étaient
effrayés.
6 - Réaction des
témoins : à la vue du phénomène, la plupart des
observateurs de race blanche ont ressenti surtout de la surprise, de
l’émerveillement et une certaine émotion. Par contre, le
comportement des Noirs a été entièrement différent, car ils
réagissaient comme si leur dernière heure était venue. Il est vrai
qu’ils étaient analphabètes et cultivaient encore toutes sortes de
tabous et de croyances transmises par leurs ancêtres africains. J’ai
également trouvé une coupure de presse faisant état des réactions de
certains Amérindiens, lesquels voyaient en l’airship un moyen de
transport utilisé par leurs ancêtres qui, sous leur forme d’esprits
désincarnés, venaient visiter le monde matériel pour voir ce que
leur descendance était devenue ! Toutes les ethnies ayant vu
ces phénomènes, cela démontre par conséquent leur relative réalité.
Parmi les témoignages les plus fiables, il y a surtout ceux de
médecins, d’hommes de loi, de professeurs, et même d’astronomes,
bien que ces derniers se soient bien gardés de révéler leur nom. En
effet, les rationalistes de l’époque n’étaient autres que leurs
confrères affectés dans les divers observatoires d’astronomie du
pays (en même temps qu’ils étaient ministres du culte
protestant !). Ce sont surtout ces hommes de science (et de
religion) qui étaient questionnés par les journalistes, et qui se
sont évertués à clamer que les témoins prenaient les étoiles les
plus visibles (comme Vénus) pour des navires aériens.
7 - Atterrissages avec ou
sans vue d’occupants : Beaucoup de témoignages font état
d’un airship posé au sol qui décolle vivement à l’approche des
témoins. Ce sont les cas les plus crédibles. D’autres font état
d’occupants observés sortis de leur « machine », mais qui
s’empressent de la regagner lorsqu’ils se rendent compte qu’ils sont
observés. Là encore, ces incidents restent vraisemblables. Par
contre, il est beaucoup plus difficile de prendre pour argent
comptant certaines affaires de contact du troisième type dans
lesquelles les témoins ont pu dialoguer avec les
« aéronautes » supposés. Cela tient au fait qu’il y a eu
beaucoup de canulars, dont certains sont probablement nés dans
l’imagination d’individus à la recherche de vedettariat, d’escrocs,
ou encore de journalistes en mal de copie. C’est ainsi que le fameux
incident de Leroy, Kansas, témoigné par le fermier Alex Hamilton, au
cours duquel un occupant d’airship aurait capturé une vache au
lasso( !), n’est qu’une mystification. Elle fut montée par le
témoin avec la complicité d’un éditeur de journal pour promouvoir un
petit périodique local qui venait d’acheter une presse rotative pour
remplacer un vieux matériel d’impression manuel. Imaginer qu’un
Extraterrestre pourrait utiliser une vulgaire corde pour s’emparer
d’un bovidé, relève manifestement d’une plaisanterie que seul un
cow-boy à pu monter ! D’une façon générale, les RR3 imaginaires
se distinguent des cas authentiques surtout par l’abondance des
détails fournis par le narrateur. D’une façon générale, les
populations croyaient que les airships étaient des ballons
dirigeables testés par leurs constructeurs américains, et
n’envisageaient aucunement des vaisseaux spatiaux occupés par des
Extraterrestres. Certaines RR3 développent des dialogues avec des
occupants tout à fait humains et disant s’appeler Wilson ou donnant
un nom différent mais typiquement anglo-saxon. Je soupçonne que ces
récits aient pu être livrés pour faciliter une escroquerie. Par
prudence, je n’ai considéré comme valables que les cas où les
occupants rembarquent précipitamment dans l’airship comme s’ils
voulaient éviter tout contact avec les autochtones. Cela a sans
doute été estimé excessif par certains de mes lecteurs, mais qu’ils
se disent que si ces cas sont vrais, ils ne sont qu’une tromperie de
l’intelligence qui dispense ces phénoménales rencontres. J’ai
également noté une affaire qui ressemble beaucoup à une
« abduction » (ou enlèvement). La victime est un certain
M. Joslin, de Saint-Louis, Missouri. Il aurait été enlevé par
les occupants d’un airship posé au sol. Ces créatures n’ont pas été
dépeintes comme des aéronautes humains selon nos standard. Il
s’agissait, chose curieuse, de bipèdes plus petits qu’un homme
moyen, dotés d’une tête noire sans yeux apparents et d’une peau
rouge (ou un vêtement quelconque de cette couleur). Le témoin dit
avoir été maltraité et ignore comment il a été restitué à son
environnement familier. Ce cas comporte plusieurs éléments que l’on
retrouve dans les cas d’enlèvements modernes tels ceux-ci :
paralysie et hypnose du témoin, effets physiologiques divers,
mauvais traitements corporels, perte de conscience, avec une
possibilité d’anomalie temporelle.
8 - Particularités
diverses. Il y a eu aussi plusieurs histoires de chute d’airship
plus que suspectes qui ont circulé à l’époque. Toutes ne sont que
des nigauderies probablement du fait de journalistes malicieux ou
désireux de remplir un espace libre afin de boucler plus rapidement
l’édition de leur journal. La plus connue est celle du crash
d’airship d’Aurora, Texas, qui n’est qu’ un coup monté. Il aurait
été conçu afin de redonner vie à une petite ville menacée d’être
vidée de ses habitants parce qu’elle n’était pas desservie par le
chemin de fer. De même que durant la vague, qui s’est étalée en gros
de mars à début mai, diverses autres phénoménales manifestations ont
été rapportées par des personnes apparemment dignes de fois.
Plusieurs êtres humanoïdes velus, qualifiés d’hommes sauvages, ont
été aperçus, ce qui rappelle les « bigfoots » et les
« sasquashs ». Ces êtres plus ou moins simiesques proches
du yéti tibétain par la morphologie, sont observés en Amérique du
Nord de nos jours. J’ai même découvert un cas d’ « hommes
volants », tout comme plusieurs affaires entrant dans la
catégorie des phénomènes « fortéens » (de Charles Fort,
premier compilateur du genre). Le seul cas de traces au sol que j’ai
pu localiser est relatif à celles laissées par un airship observé au
sol près de Lake Elmo, Minnesota. Il s’agissait de quatorze
empreintes faisant chacune 0,65m de long sur 0,15m de large,
disposées en deux rangées de sept traces parallèles. Le compte-rendu
de cette affaire est exempt de toute fantaisie, ce qui le rend tout
à fait crédible. D’une façon générale, les vitesses estimées par les
témoins tournent autour de chiffres modestes, même si, pour
l’époque, ils étaient considérés comme très élevés. En gros, ces
vitesses se situent dans une fourchette comprise entre 50 et 150
km/h. Cependant il y a un petit nombre de cas où il est fait mention
d’un airship qui, après avoir évolué à une allure modérée, a été
décrit bondissant à une vitesse fulgurante pour disparaître très
rapidement de la vue.
Conclusions
Des individus plus préoccupés de faire
étalage de leur érudition que d’honnêteté intellectuelle, se sont
dépensés inutilement pour faire croire que les ovnis (et surtout les
enlèvements) sont des fantasmes suscités par la science-fiction
américaine des années 1920-1930. Mais ils évitent soigneusement de
décrire le mécanisme humain qui opérerait un tel processus
totalement ignoré de la Science. Autant parler de baguette magique,
pendant qu’ils y sont ! De même qu’ils font semblant d’ignorer
que ces phénomènes ont été observés de tout temps, même si les
comptes rendus faits avant 1947 ne sont pas aussi nombreux que ceux
enregistrés après. La vague de 1897, qui comporte en gros les mêmes
paramètres d’étrangeté que celle de 1954, dément formellement les
arguments avancés par ces debunkers. D’autant qu’en 1897 la
sciencefiction était pratiquement inexistante, si l’on excepte la
publication, en fin de cette année-là (donc après la vague), du
premier roman dans ce genre, La guerre des mondes, d’Herbert George
Wells. Sans oublier les observations en milieux ruraux, faites par
des gens analphabètes (notamment les Noirs), qui ruinent totalement
cette explication ahurissante qui ne tient aucunement compte du
contexte socioculturel dans lequel se situent certaines catégories
d’observateurs. Toutes les ethnies américaines de 1897 virent
l’airship, comprenant des personnes de toutes conditions sociales,
du manœuvre illettré jusqu’au scientifique le plus érudit. D’autre
part, la presque totalité des témoins ont décrit ce qu’ils
estimaient n’être que le ballon dirigeable d’un inventeur local de
génie, qui testait son appareil avant de se faire connaître. Or, il
faut savoir qu’à l’époque, les aérostiers qui voulaient voyager en
ballons (il n’y avait que des ballons libres sphériques à ce
moment-là), étaient obligés de s’installer à proximité d’une usine
fabriquant des gaz plus légers que l’air. Celui utilisé le plus à
l’époque était l’hydrogène, fluide qui fut supplanté bien plus tard
par l’hélium. Ces usines ne se trouvaient que dans les grandes
villes, ce qui veut dire que tout aérostier devait nécessairement
être vu par la population locale avant son envol. D’autant que ce
genre d’événement nécessitait de longs préparatifs, ce qui attirait
toujours une foule énorme parmi laquelle il y avait des
journalistes. Or, aucun journal ne signale le départ d’un airship,
dans l’éventualité d’un aéronaute américain ayant réussi à
construire un ballon dirigeable performant. Ce constat élimine
définitivement une invention locale (et même plusieurs), car ce
phénomène a été observé bien souvent le même jour à la même heure en
des lieux séparés parfois par plusieurs centaines de kilomètres. Il
n’y avait pas qu’un seul airship qui s’exhibait dans les cieux,
comme la presse américaine l’a pensé quelque temps, mais plusieurs.
Il faut donc écarter ces deux explications : les phénomènes
« psychophysique » engendrés par l’influence de la
science-fiction américaine, ainsi que les appareils d’inventeurs
géniaux inconnus. Le fait que les airships déployaient des sources
lumineuses et des comportements identiques à ceux des ovnis
modernes, indique que ces phénomènes sont probablement de la même
essence, produits par la même intelligence. Au reste, dans mon
dernier livre, j’ai démontré que les ovnis et les phénomènes
connexes qu’ils semblent engendrer, sont une des nombreuses facettes
de ce qu’il est convenu d’appeler : les phénomènes
paranormaux12. De même que certaines rencontres du troisième type
dispensent des éléments absurdes et incohérents, que n’auraient pas
introduit des fabulateurs pour la crédibilité de leur histoire. On
sait depuis longtemps que l’intelligence qui produit ces RR3,
s’ingénie à y introduire des données négatives. Elle opère comme si
elle voulait elle-même renier sa propre existence en offrant aux
rationalistes tout ce qu’il faut pour leur permettre de rejeter les
témoignages. Je veux parler des RR3 décrites par des témoins ayant
donné leur nom et fourni des relations équilibrées, et non de récits
anonymes totalement farfelus inventés par des journalistes à
l’esprit borné, désireux de ridiculiser ces phénomènes par pur
rationalisme. En conséquence, la vague d’airships de 1897 peut être
considérée comme une vague d’ovnis qui s’est produite exactement
cinquante ans avant que le témoignage de Kenneth Arnold en juin
1947, ne donne naissance au terme Flying Saucers. Pour l’anecdote,
je signale que le mot anglais saucer (soucoupe), n’a pas été employé
la première fois pour décrire un ovni lors de cette affaire de 1947.
En effet, selon l’auteur Frank Edwards, un fermier nommé John Martin
l’a utilisé le 24 janvier 1878. Ce jour-là, près de Denison, Texas,
ce témoin a décrit le vol d’un objet dont il a comparé la forme à
celle d’une soucoupe 13. Toutefois, il est impossible de dire ce que
sont exactement ces phénomènes ni à quoi ils correspondent. Les
historiens en aéronautique sont formels : il n’y avait pas de
dirigeables aux Etats- Unis en cette fin de dix-neuvième siècle. Une
vague journalistique, comme l’a prétendu le chercheur Jean Giraud,
ne tient pas non plus. En effet, s’il y avait eu collusion des gens
de presse (ce qui est une impossibilité manifeste), pourquoi seule
la moitié Est du pays a été touchée par cette vague, et pas la
moitié Ouest ? Quant à l’intrusion d’Extraterrestres, cette
hypothèse reste très problématique. En effet, pourquoi des êtres
venus d’une lointaine planète auraient-ils choisi de se montrer dans
des « vaisseaux » aussi ridicules ? On a plutôt
l’impression d’une énorme mise en scène constituée de leurres de
divers types, réservés peut-être à une catégorie de personnes ayant
des capacités cervicales spéciales. Il est effectivement prouvé que
beaucoup d’observations d’ovnis, notammentlors de vagues
exceptionnelles, qui auraient dû être témoignées par des témoins
pourtant bien placés, n’ont pas été réalisées. L’exemple le plus net
que je puis citer est celui de la vague de phénomènes célestes
inconnus qui s’est déroulée dans les cieux de la France le 5
novembre 199014 . Là où il y aurait dû normalement y avoir une foule
de témoins, un seul s’est fait connaître. Ce qui pourrait indiquer
deux choses : 1°- Les témoins seraient « ciblés ».
Sur quels critères ? Peut-être que ces personnes possèdent des
dispositions à la médiumnité à des degrés divers, qui sait ?
2°- Les phénomènes observés ne seraient le plus souvent ( mais pas
toujours) que des projections d’images virtuelles dans le cerveau
des observateurs. 3°- L’intelligence qui génère ces anomalies
opérerait à partir de l’esprit des témoins. Ces constats, que l’on
peut faire dans toutes les facettes des phénomènes paranormaux,
remettent en cause toute une panoplie d’hypothèses émises par bon
nombre de chercheurs. Par exemple, pour ce qui concerne les ovnis,
l’option extraterrestre au premier degré prend du plomb dans l’aile
au point de devenir douteuse, pour ne pas dire obsolète. Il n’est
d’ailleurs que de se reporter aux affaires de
« dialogues » avec les entités qui se présentent à ceux
qui les perçoivent sous diverses identité (esprits désincarnés,
guides spirituels, anges, démons, fées, extraterrestres et tutti
quanti). Toutes ces prétendues créatures d’un « Ailleurs »
indéterminé s’expriment uniquement par télépathie, et leur
vocabulaire est limité au bagage intellectuel des personnes
contactées. Par conséquent, pour revenir aux airships de 1897 aux
Etats-Unis, il n’est pas du tout certain que toutes les observations
signalées se soient rapportées à de véritables engins matériels.
Tout ce qui peut être affirmé se résume à ceci : A - Ces
phénomènes ont bien été observés dans les cieux d’une partie des
Etats-Unis en 1897, en dépit de certains canulars dus probablement à
la malice humaine. B - Pour le moment, dans l’état actuel de nos
recherches, il est impossible de dire avec certitude à quoi
correspondent ces manifestations, ni à qui profitent-elles. Certes,
on peut envisager une possible manipulation de l’esprit des
personnes concernées par ces étrangetés. Elle serait l’œuvre d’une
intelligence supra-humaine, mais cette éventualité ne nous avance
guère sauf qu’elle complique davantage le mystère et lui octroie une
profondeur encore plus grande que nous l’avions supposé
initialement.
Notes 1-
Michel Bougard, La chronique des Ovnis, Paris, J.P. Delarge,
1977.
2- Jerome Clark, in Flying Saucer
Review, vol. 11, n°1 ; vol. 12, n°4 ; vol. 13, n°4. En
collaboration avec Lucius Farish, vol. 14, n°5 ; vol. 14,
n°6 ; vol. 15, n°1, Londres, 1965 à 1969.
3- David Cohen, The Great Airship
Mystery : a UFO of the 1890’s, New York, Dodd, Mead & Co.,
1981.
4- Thomas E. Bullard, The Airship File,
Bloomington, Indiana, 1982. + Supplément n°1, 1983. + Supplément
n°2, 1990.
5- Jean Sider, L’Airship de 1897 :
Contribution à l’étude socio-historique de la vague de dirigeables
fantômes aux Etats-Unis, Paris, à compte d’auteur, 1989
(épuisé).
6- Jean Sider, L’Airship de 1897 :
Contribution à l’étude socio-historique de la vague de dirigeables
fantômes aux Etats-Unis, Paris, Editions Beaupré, 1995 (quasi
épuisé).
7- Robert Neeley Jr., UFO’s of
1896-1897 : The Airship Wave, Washington, D.C., FUFOR, sans
date.
8- Tom Crouch, The Gas-Bag Era, in
« Aviation Quarterly », vol. « , n°4, 1977, p.
296.
9- Nick A. Commons, historien en
aéronautique, Federal Aviation Administration, Washington, D.C.,
lettre personnelle à l’auteur, datée du 21 mai 1981.
10- Jerome Clark & Loren Cross, The
Unidentified, New York, Warner Paperback, 1975, p.144.
11- Richard Nolane, Autrefois les OVNI,
Marseille, C.G.R. Editions, 1998, p. 189 (qui cite Jerome Clark, UFO
Encyclopedia, vol. 2, Etats-Unis, Omnigraphics, 1992)
12- Jean Sider, Ovnis : Les
envahisseurs démasqués, Villeselve, Editions Ramuel, 1999.
13- Frank Edwards, Flying Saucers
Serious Business, New York, Bantam, 1966, p.18.
14- Jean Sider, Autopsie d’un phénomène
polymorphe et ubiquiste, in Inforespace n°96, mai 1998, SOBEPS,
Bruxelles, p.4-21.
Jean SIDER est l’auteur des ouvrages
suivants : · L’Airship de 1897, à compte d’auteur, 1987. ·
OVNIS : Ultra Top Secret, Axis Mundi, 1990. · OVNIS :
Dossier secret, Paris, Le Rocher, 1994. · Contacts supra-terrestres,
Tome I : Leurres et manipulations, Axis Mundi, 1994. · Contacts
supra-terrestres, Tome II : L’illusion cosmique, Axis Mundi,
1995. · L’Airship de 1897 (édition améliorée, imprimée en 21x27),
Beaupré, 1995. · Le dossier 1954 (en deux volumes, dont un réservé à
l’iconographie), Ramuel, 1997 (adresse : Editions Ramuel, 225,
rue des Princelles, 60640, Villeselve). · OVNIS : Le secret des
Aliens, Ramuel, 1998. · OVNIS : Les envahisseurs démasqués,
Ramuel, 1999.
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